Bienvenue sur Maman Bosse, le premier podcast collectif qui traite du sujet carrière et maternité.
Et quand je suis rentrée, ça ne s’est pas très bien passé. En fait, on m’a mis au placard. On ne m’a pas promu, alors que je venais de rentrer le plus gros contrat après les sous-marins pour cette boîte-là. Donc, en fait, c’était juste hallucinant. Un mec aurait rentré ce contrat, il se sera absenté parce qu’il était malade.
Il aurait été promu et je peux te dire qu’il aurait été montré partout en trophée. Moi, c’était l’inverse.
Dans cette saison 4 consacrée à l’entrepreneuriat, nous allons explorer toutes les facettes du sujet pour comprendre ce que signifie vraiment être une Maman Bosse aujourd’hui, quelle est la réalité de la place des mères dans le monde du travail et quelle est leur relation à l’entrepreneuriat. Je suis Marie, fondatrice du collectif et vous écoutez Maman Bosse, un espace de parole libre et bienveillant pour montrer comment et pourquoi la maternité impacte nos vies professionnelles.
Comment on passe de salarié dans la défense à créatrice fondatrice d’une start-up dans le domaine de la santé ? Comment on fait de sa propre expérience le cœur de son business ? Comment on gère une grossesse pendant le lancement d’une entreprise ? Autant de questions que nous avons abordées dans cette conversation avec Audrey. Bonne écoute !
Bonjour Audrey, bienvenue sur Maman Bosse. Est-ce que tu peux nous dire de qui tu es la maman et dans quoi tu bosses ?
Oui, merci beaucoup pour ton invitation. Alors, je suis la maman de deux enfants qui ont 4 et 2 ans, un garçon et une fille. Et je suis entrepreneur dans la santé de la femme, ce qu’on appelle la Femtech, c’est-à-dire que j’ai créé un produit innovant, enfin plusieurs produits innovants, au service de la santé des femmes et particulièrement le post-opératoire et le post-césarienne, post-partum et cicatrice liées à la maternité ou la maladie des femmes.
Aujourd’hui, à quoi ressemble ton quotidien de maman bosse ?
Mon quotidien de maman bosse n’est jamais le même, mais a quand même des points qui sont assez répétitifs. Le fait de ne pas dormir. Mais en fait, mes deux enfants ont eu et ma fille a toujours un RGO pathologique, mais ça a rendu leur sommeil extrêmement compliqué. Et pour ma deuxième, c’est mon fils, ça fait fini par passer, mais pour ma fille, ça ne passe pas.
Donc elle dort très mal et donc moi aussi et nous aussi. Donc déjà des très petites nuits, mais bon, je pense que c’est partagé par pas mal de maman bosse. Et ensuite, ça dépend un peu, parce. Que ça dépend où je travaille. Si je travaille de chez moi dans mon bureau, comme aujourd’hui, si je travaille à Station Lèvres, où je vais régulièrement, si je travaille chez un partenaire, si je me déplace dans une pharmacie, si je vais vers mes partenaires.
Donc je dirais que c’est rythmé par un dépôt des enfants, travailler de manière très, très, très intensive, parfois sans manger, ce qui est mal. Et ensuite, une récupération. Mais après, je m’organise avec mon mari. Pour pour qu’on évite tous les deux. De faire dépôt récupération le même jour, sauf quand un de nous est en déplacement.
Mais voilà, essayer d’avoir un équilibre aussi avec mon mari pour pouvoir justement travailler sans faire des journées de 9h30 à 16h, parce que c’est quand même très court et clairement pas assez quand on t’entreprend et que tu lances un business. Et sachant que j’essaye de pas me reconnecter trop le soir, donc clairement, ce moment, c’est très intense. Je me suis encore couchée à 2h du matin parce que je coupe quand il rentre et que des fois, du coup, j’ai pas fini, donc je me reconnecte. Donc je dirais lever assez tôt, peu dormir, intensité et reconnection le soir, même si je sais que c’est pas bon, mais à un moment donné, s’il y a des choses à faire, il faut les faire. Donc voilà, heureusement, c’est pas tous les jours.
Si on remonte quelques années en arrière, est-ce que toi, tu as toujours entrepris ou est-ce que tu peux nous raconter le début de ta carrière ?
Bah non, en fait, avant, j’étais salariée, donc c’était un peu plus un peu plus routinier, même si on voyageait énormément parce que je faisais la même chose que ce que fait toujours mon mari aujourd’hui. C’est-à-dire que j’ai été salariée dans des entreprises de la défense, donc on vend des systèmes de défense des pays alliés. Donc, je voyageais énormément.
Et moi, j’étais au début dans les radars de défense antiaérien, donc protéger les espaces aériens. Alors, il y a quelques années, ça ne disait rien à personne. Mais maintenant, avec la guerre en Ukraine, je pense qu’il y a plein de gens qui vont un peu mieux comprendre ce que ça veut dire. Et puis après, j’ai travaillé plus sur la partie navale des frigates. Et notamment, moi, j’ai eu le gros volet qui m’a occupé dans la partie navale.
C’était des démineurs, des navires qui doivent déminer, puisqu’en fait, on a encore beaucoup, beaucoup de mines sous-marines du fait de la Seconde Guerre. Même si on voyageait énormément et que je voyageais beaucoup avant d’avoir des enfants, j’ai continué de voyager un peu avec mes enfants. Mais en fait, mon fils est né juste avant le Covid. Donc, il est né en 2019. Donc en fin de compte, le rythme que j’ai eu de salarié, je ne l’ai jamais retrouvé vraiment après, puisqu’on voyageait quand même moins du fait du Covid.
Même après, on a moins voyagé puisqu’on a beaucoup fait de visio. Après, la difficulté quand tu es dans la défense, c’est que tu as des… des communications qui sont sécurisées, donc parfois t’es quand même obligé d’aller sur site, parfois t’es obligé d’aller voir ton client parce que tu peux pas parler de certaines choses sur les ondes. Mais quand même, le rythme que j’ai pu avoir, qu’on a pu avoir en couple, parce que c’est quand même une cellule familiale avec mon mari, on ne l’a jamais vraiment retrouvé depuis. C’est quand même vachement calmé.
Et puis, en fait, moi, j’ai entrepris assez vite après la naissance de mon fils, que j’ai eue par césarienne. Voilà, donc disons que j’ai eu une petite année de reprise de salariat où on se prend quand même un peu en pleine phase déjà les horaires de crèche, puisque nous, il était en crèche. Et là, tu te dis, il va falloir jongler parce que normalement, tu ne vas pas laisser ton enfant non plus. trop longtemps, mais à un moment, tu le laisses quand même un certain nombre d’heures parce que t’es quand même salarié, il faut quand même le temps d’aller jusqu’à ton travail, le temps de revenir de ton travail jusqu’à la crèche. Et quand c’est une fermeture 18h, partir à 17h30, moi on me demandait si j’avais pris mon aprem ou quoi.
Donc voilà, ça demande aussi un peu une organisation. Mais en fait, très vite, tu vois, j’ai repris moi en décembre et tu vois, on a été confinés en mars. Donc en fait, ça a été assez rapide. Après, le confinement était hyper intense parce que j’ai négocié un contrat pendant le confinement, donc c’était des 6 à 7 heures de négo sur des chaînes sécurisées, ton enfant en portage. Enfin, c’était fantastique.
Mais en salariat, si tu veux, avec un enfant, moi, je n’ai repris que finalement sur un rythme normal, que trois mois, en fait. Après, on a été confinés et après. C’Était une autre vie.
Et alors, pourquoi ce choix de carrière dans la défense ? Est-ce que ça a toujours été une évidence pour toi ?
Oui, en fait, moi, je suis rentrée dans la défense parce que j’ai vécu au Moyen-Orient et que c’était ma spécialité et que je parle les langues de la région et que j’avais envie de travailler un peu sur ces sujets de géopolitique. Ce que je voulais, moi, c’était vivre à l’international, travailler à l’international, parce que je suis persuadée qu’on comprend bien un pays que si on parle la langue, parce que c’est un état d’esprit et que ce que dit Amine Mahalouf dans Les identités meurtrières, c’est que tu comprends vraiment un mindset, tu vois, même dans une langue qui a différents dialectes. Typiquement, moi, je parle arabe. Dans chaque pays, il y a un dialecte.
C’est difficile de vraiment comprendre bien le mindset des gens si tu parles pas leur dialecte, parce que par le choix des mots, il y a vraiment des constructions mentales. Et moi, ça, ça me fascinait. Et donc, je te dis pas que quand j’ai bossé en Asie, j’ai appris les dialectes asiatiques. Clairement pas, parce que j’avais pas le temps. Mais t’essaies d’y pencher, etc.
Et moi, c’est ça qui me fascinait. C’était d’aller travailler avec des acteurs et des clients, des partenaires étrangers. Donc j’avais envie de rester là-dedans et dans les dossiers, les sujets géopolitiques et donc de défense. Et je ne comptais pas en sortir parce qu’en plus, c’est quand même des mondes très spécifiques. Moi, j’ai toujours apparenté ça justement pour une nouvelle culture et une nouvelle langue.
C’est un langage spécifique, c’est des matériaux spécifiques, c’est des emplois, spécifique, c’est une législation et un droit et tout est hyper spécifique. Et c’est bien normal, mais c’est quand même un grand apprentissage et je ne comptais pas sortir moi, en fait, de cette carrière-là. Je comptais continuer ma carrière et juste passer de poste en poste et progresser, avoir de nouveaux challenges. Quand j’ai rentré le contrat de 2 milliards d’euros pour les chasseurs de mines en 2019, juste avant d’avoir mon fils, Je savais que je rentrerais probablement pas d’autres contrats de cette taille dans ma carrière, parce que c’est unique et c’était une conjoncture, c’est pas que de mon fait, c’est toute une équipe, c’est une conjoncture politique, voilà. Mais bon, c’est quand même arrivé.
Et donc, je m’étais dit, je vais évoluer dans la boîte, etc. Faire un peu autre chose, découvrir d’autres challenges. Mais je pensais pas partir, quoi. Je pensais rester parce que c’est passionnant, en fait, tout simplement. Et c’était pas l’actualité d’aujourd’hui, en plus. Donc, t’imagines.
Est-ce que tu t’es posé la question de la compatibilité de ta vie professionnelle avec ta vie de famille ? Est-ce que tu t’es posé la question du bon moment, par exemple, pour avoir un enfant ?
J’ai très vite compris qu’avoir des enfants, ce serait un job. C’est-à-dire qu’il fallait lire des bouquins, il fallait un peu se renseigner.
Sur le côté comprendre l’enfant, comprendre ses besoins. Vraiment, là-dessus, on était calés. On avait vraiment fait le taf. Mais par contre, moi, en tant que femme enceinte à la trappe totale, à tel point que j’ai commencé à dire à mon mari, je crois qu’il faudrait que j’achète des vêtements de grossesse, je ne peux plus fermer mes pantalons parce que c’est un monde assez normé, donc j’étais en tailleur tout le temps, en pantalon de costume, quoi. J’avais pas anticipé, tu vois.
Donc là, j’ai commencé à prendre un peu plus soin de moi, mais si tu veux, sur l’organisation, on cherchait un moyen de garde qu’on a trouvé très tard. Donc ça, ça a joué au fait aussi, tu vois, sur le fait de ne pas savoir comment on allait s’organiser. c’est qu’on ne trouvait pas de moyen de garde. C’est-à-dire que moi, enceinte, j’ai appelé une cinquantaine d’assistantes maternelles qui étaient autour de chez nous. Il n’y en avait aucune de dispo.
Et en fait, c’était vraiment compliqué. Il y avait énormément de crèches. Donc, on s’était dit trop bien qu’on aura des enfants, on trouvera une crèche. C’était que des crèches d’entreprise, donc en fait, pas ouvert aux particuliers. Et nos entreprises, on n’était plus dans la même entreprise à ce moment-là.
Mon mari ne prenait pas de berceau en crèche. Donc en fait, on ne s’est pas posé la question sur l’organisation parce qu’on n’avait pas le moyen de garder. On s’était dit, on fera des journées 8h, 18h, 8h, 18h30. Et puis, s’il y en a un qui doit partir plus tôt ou rester plus tard, on s’arrangera. Et en fait, le fait du trauma de masse césarienne psychologique, physique, Et le fait que je ne trouvais pas de moyens de garde, moi j’ai dû poser un congé parental parce que je ne trouvais pas de moyens de garde pour mon fils.
Et finalement, quand on a trouvé cette crèche, on s’est retrouvé un peu imposé finalement, tu vois, les horaires d’ouverture et de se dire comment on s’organise autour. Et clairement, tu vois, je ne saurais jamais vraiment sur l’organisation puisqu’en fait, on ne l’a fait que trois mois et qu’en mois de décembre, je ne sais pas si tu te souviens, mais il y avait les gilets jaunes. Donc en fait, le rythme était déjà perturbé quand j’ai repris. Donc, en fait, j’ai peut-être eu que deux mois, finalement, d’un rythme un peu normal. Et en fait, on courait tout le temps.
Et je ne sais pas si sur le long terme, ça m’aurait convenu. Est-ce que j’aurais demandé à aménager plus mon agenda ou pas ? Mais c’était très, très chaud. Franchement, c’était très, très chaud. Est-ce que tu peux nous parler de ton départ et de ton retour de congé maternité ?
Comment ça s’est passé pour toi ? Départ en congé mat, ça s’est très bien passé parce que j’ai fait toute la campagne pour l’appel d’offres, le fameux appel d’offres enceinte. Donc en fait, voilà, le fait que je m’arrête avec mon vente qui était énorme. J’avais un énorme vente, mon fils était assez macrozaume et j’avais vraiment un très très gros vente. Donc c’est même mon client pour te dire quand je lui ai apporté les derniers documents, parce que pour les petites anecdotes, quand tu réponds à des appels d’offres, c’est des camions de carton en fait que tu dois déposer.
Donc j’avais accompagné le dernier le dernier convoi et en fait j’avais pas fait tout le trajet, j’ai fait une partie en train parce qu’en fait le camion tout du long c’était pas possible tu vois parce que j’étais enceinte de quasiment huit mois et je me rappelle donc être quand même dans son bureau, lui faire signer des docs et tu sais il tourne la tête en fait c’était mon ventre qu’il avait à côté de sa tête parce que j’étais debout et il me dit bon là je pense qu’il faudrait vous arrêter non ? Et d’ailleurs, je me suis arrêtée une semaine plus tôt parce que j’étais épuisée. Mais bon, en même temps, je venais de faire tout un appel d’offres enceintes. Donc, ceux qui ont déjà vécu ça savent, c’est extrêmement intense. T’as des délais pour répondre.
C’est très normé, très processisé. Je travaillais dans une pièce sécurisée avec toute l’équipe d’offres tous les jours à 24. Pour terminer une remise d’offres, tu relis tout. Et comme moi, j’étais commerciale, c’était moi le lien avec le client. Donc, c’est moi qui faisais la dernière passe.
Évidemment, tout le monde est à la bourre. Donc tu vois, je sais pas, les dernières semaines, j’ai dû me coucher à 3h du mat’ tous les jours. Enfin, tu vois, j’étais quand même enceinte, quoi. Donc je suis épuisée, je me suis arrêtée. Donc ça, c’est plutôt bien passé.
Surtout que quelques jours après que je me suis arrêtée, on a appris qu’on avait gagné. Donc tu vois, le départ, c’est très bien passé. Par contre, le retour, très compliqué. Déjà, moi, je comprends que si j’avais pas eu ma césarienne, je serais décédée. Donc en fait, j’ai quand même un très gros choc autour de mon accouchement.
Et on m’avait jamais du tout parlé de… Tu vois, je connaissais la mort fétale, la mort périnatale, mais Ce sentiment de la mort, de la mère qui au lieu de donner naissance peut donner la mort à elle-même et à son enfant, ça on me l’avait pas du tout expliqué. Donc moi je l’ai vécu d’une manière extrêmement violente. Si j’avais un boss qui continuait de me faire travailler ou de m’envoyer des trucs pour que j’aille à des réceptions, des choses comme ça, mais je disais mais en fait ça m’intéresse pas et puis je suis en congé mat en fait donc il y a juste la. Loi, donc fous-moi la peste.
En fait lui il comprenait pas que je puisse m’occuper de mon enfant dès que j’étais en vacances. Et en fait, quand il m’a appelé une ou deux fois, je lui ai dit non mais en fait, non ça s’est pas bien passé. Il me disait ça s’est bien passé, il fait ses nuits tu vois, les questions classiques. Bah non ça s’est pas bien passé, non il fait pas ses nuits, parce que je dormais déjà pas à ce moment là, puisqu’avec son reflux il pouvait. Pas être posé donc il ne dormait pas.
Déjà là tu vois j’ai commencé à me dire ouais le retour il va être compliqué parce que moi je suis pas dans le mood et clairement en face ça comprend pas. Et en fait ce qui s’est passé, c’est que je me suis pris un peu un mur pendant que j’étais en congémate. L’équipe de com a proposé de remettre mon dossier au trophée des femmes de l’industrie, qui est organisé par La Tribune. Et il se trouve que moi, après, je m’occupais de mon fils, je n’étais pas au top du fait de ma saisade, j’ai zappé. Sauf qu’en fait, ils m’ont sélectionnée.
Et donc, il y avait une remise de prix à laquelle je suis allée. Alors, je n’étais même pas encore retournée travailler. D’ailleurs, gros problème, qu’est-ce que je vais mettre ? Parce que je ne pouvais pas fermer mes pantalons à cause de ma cicatrice. Tu vois, déjà, là, ça a commencé.
Je me suis dit mais qu’est-ce que je vais mettre ? Donc, tu vois, déjà, la question commence à se poser. Et en fait, le journaliste a fait des petites erreurs dans l’article. Ça a fait un peu bondir au siège. Et en fait, ça a été très compliqué après.
C’est-à-dire que ça a été pris comme la nana qui se médiatise toute seule, alors que pas du tout. Moi, j’étais en train de m’en remettre de mon trauma, tu vois. Et donc, j’ai reçu des messages extrêmement déplaisants. Enfin, tu vois, il a, au lieu de mettre que j’avais rejoint la direction, il a mis que j’avais pris la direction, tu vois, par exemple, donc je l’avais fait modifier. Mais c’était trop tard, en fait.
Honnêtement, on s’en fout. Enfin, je veux dire, quelqu’un lit ça de nôtre et se dit, tiens, le journaliste a fait une erreur. Jamais il va se dire, c’est la personne qui s’est autopromue, tu vois, parce que qui fait ça, en fait ? Mais moi, ça m’a attiré plein de messages extrêmement désagréables, certains messages insultants. Alors, j’étais en congé mat, je venais d’accoucher, j’allais pas bien et je me retrouvais des insultes par message.
comme quoi je ne me sentais plus, etc. En fait, c’était hallucinant. Et quand je suis rentrée, ça ne s’est pas très bien passé. En fait, on m’a mis au placard. On ne m’a pas promu, alors que je venais de rentrer le plus gros contrat après les sous-marins pour cette boîte-là.
Donc, en fait, c’était juste hallucinant. Un mec aurait rentré ce contrat, il se serait absenté parce qu’il était malade. Il aurait été promu et je peux te dire qu’il aurait été montré partout en trophée. Moi, c’était l’inverse et très, très, très compliqué. très, très compliqué.
Et surtout, quand j’ai commencé à dire, justement, je ne trouve pas de moyens de garde, comment on fait ? Très rapidement, ça a été, je te cite, tu sais, les femmes, vous êtes une minorité quand même dans la boîte. On ne peut pas mettre des budgets spécifiques pour les femmes. Du coup, pour les crèches, c’est non. Et là, tu comprends un peu la mentalité.
Et donc, en fait, moi, j’ai commencé à me dire, mais ce n’est pas possible, moi, je ne peux pas bosser là-dedans. Et comme ils ont complètement arrêté le process qu’on avait mis en cours pour pouvoir avoir une place en crèche, on a décidé mutuellement de se séparer, en fait, que j’allais quitter la boîte. Donc, tu te dis, si tu prends un peu de recul, tu rentres un contrat de 2 milliards avec ton équipe. Donc tu le rentres pas toute seule, mais quand même. T’as un acteur externe qui reconnaît ton boulot et qui te remet un prix, qui est quand même reconnu nationalement.
Et au lieu d’être fière, t’enterres la fille, quoi, tu vois. Donc je me suis dit, bah bon, je sais pas, j’ai pas trop envie de recontinuer de travailler dans une boîte comme ça. Donc voilà, on s’est séparés et je suis partie de la boîte. Et en fait, vu que j’avais déjà été… J’avais repris et que j’avais déjà été confrontée aux problèmes pour m’habiller, Tu vois, ça m’avait rajouté en mode, mais attends, il y a combien de césariennes par an ?
Presque 160 000 en France, 30 millions dans le monde. OK, il n’y a rien pour qu’on puisse s’habiller. C’est-à-dire, c’est quoi la considération qu’on a pour les femmes ? Ça m’a rajouté aussi un peu ce poids de se dire, mais comment on considère les femmes en fait ? C’est quoi cette société ?
Et ça, je ne m’étais pas posé la question avant parce que je n’avais pas eu de femme césarisée dans mon entourage, ni de femme qui avait d’opération abdominale. Donc, je n’avais jamais été confrontée au truc. Explique-nous comment on passe de « je vis un accouchement traumatique » à «. J’En fais un business ». En fait, il y a deux choses.
Il n’y a que quand je rencontre un problème, il faut que je trouve une solution. Ce qui fait de moi une salarie performante et une entrepreneur à deux doigts du burn-out, c’est qu’en fait, chaque problème doit avoir une solution. Donc là, clairement, je me dis « attends, Et puis je commence à faire un questionnaire que je partage. Je ne dis pas ce que j’ai en tête, je veux juste avoir le retour des femmes pour des cicatrices. Et là, je vois les retours et je vois qu’il n’y a pas que les césariennes.
Mais je l’avais fait plus par intérêt. Comme ça, pour savoir. Et toi-même, j’imagine, tu as cherché des produits et des solutions qui existaient sur le marché ? Bien sûr que j’ai cherché. Je suis allée dans les enseignes, les grandes enseignes.
Et déjà, à l’époque, ce n’était pas la mode des culottes hautes. Et le peu qu’il y avait, c’est extrêmement mal coupé, c’est fait dans des matières qui sont pas du tout qualies, et en fait ça va pas. C’est-à-dire que ça te scie le ventre, ça te scie les jambes. C’est là en fait où je me suis dit mais en fait y’a rien d’adapté. La seule chose qui existait c’est aux Etats-Unis, et c’est vraiment pas terrible.
Pour l’avoir testé c’est vraiment pas terrible, et d’ailleurs j’ai plein de clientes moi aujourd’hui qui m’ont testé et qui ont dit pareil. Et c’est là où je me suis dit, en fait, il y a un vrai problème, je le vis, des milliers de femmes le vivent et centaines de milliers de femmes le vivent et on n’a pas de solution. Déjà, j’avais envie d’entreprendre depuis un moment, mettre une réponse en face d’une solution. C’était un peu obsessionnel chez moi. Et puis, la pulsion de vie.
C’est qu’en fait, quand tu frôles la mort, et pour la petite histoire, en fait, cet accouchement est venu révéler que c’était la troisième fois, en fait, que moi je passe à côté de la mort, puisque pendant les attentats en 2015, j’étais au Stade de France, que j’ai perdu des gens et que moi j’ai survécu. Et en 2009, j’avais déjà été sur place où il y a eu un attentat, où des Français étaient décédés. Et à chaque fois, je me suis demandé pourquoi moi, du coup, je n’y suis pas passée. Donc, en fait, le trauma de mon accouchement est venu révéler ça, ce qui me permet de dire qu’il faut soigner ces traumas parce qu’en fait, on se. Les prend plein de tête à un moment donné.
Et donc, grosse pulsion de vie et de se dire qu’est-ce que j’ai envie de laisser au monde ? Et surtout, qu’est-ce que j’ai envie de transmettre à mon fils ? C’est qu’est-ce que j’ai envie de transmettre à mon fils ? Alors, j’aurais pu changer de boîte, mais comme j’avais face à moi un problème qui n’avait pas de solution et que j’avais envie d’entreprendre et qu’en plus, par rapport au domaine où j’étais. Clairement, avant que je rentre un autre contrat comme ça, il allait se passer du temps, je me suis dit les planètes s’alignent, j’essaye en fait.
Tu vois, c’est ça qui s’est passé. Donc c’est une conjoncture de plein de choses, d’expérience de vie et d’opportunité business en fait, de se dire j’ai un peu d’économie de côté. Avec mon mari, on s’est fait un tableau Excel rétroactif jusque combien de temps j’avais avec mes allocations de Pôle emploi, avec nos économies. Et combien de temps je me donnais pour lancer une boîte et que ça marche, en fait. C’est comme ça, en fait, que ça s’est passé.
C’était quoi ton plan ? Est-ce que, par exemple, tu avais déjà une idée très précise du type de. Produit que tu allais proposer ? Tu sais, alors ça, c’est ça aussi qui est bon à savoir si jamais des femmes veulent se lancer, c’est qu’en fait, on a une idée d’origine. Après, on évolue un peu.
Alors, on ne pivote pas complètement, mais on évolue. Moi, c’était de la lingerie depuis le départ, mais il y a des choses que je voulais faire qui sont industriellement aujourd’hui pas possibles. ou alors il faut 10 millions. Donc j’ai aussi un peu revu ce que je voulais faire, j’ai énormément travaillé avec des acteurs du textile, avec des professionnels de santé, avec les femmes, puisque j’ai continué à aller parler avec le terrain avec les femmes, savoir de quoi elles auraient besoin, sans leur dire si c’est un cosmétique ou un textile, pour avoir le maximum de retours des besoins physiques, parce que je voulais pas orienter les réponses. Et donc, si tu veux, le plan, c’était j’ai tant de temps de Pôle emploi, on a tant d’économies, on peut vivre sur le salaire de mon mari et donc de mes allocations tant de temps.
Donc là, tu vois, on approche bientôt de cette date, puisque j’ai créé la boîte en fin 2021. Entre temps, j’étais retombée enceinte de ma fille et j’avais accouché de ma fille. de mon deuxième enfant. Donc j’ai eu mon fils pendant toute ma grosse campagne commerciale en tant que salarié. J’étais enceinte de ma fille pour le lancement de ma boîte, pour la petite histoire.
Quand j’ai été incubée pour ma boîte, j’avais ma fille en portage. Heureusement d’ailleurs, à cause du Covid, tout est à distance, ce qui m’a permis de tout faire à distance en allaitant ma fille en portage. Mais voilà, là, on arrive bientôt à la date que si tu vois ce qu’aujourd’hui je fais du chiffre d’affaires, mais pas assez pour en vivre encore et tu vois on arrive bientôt à la date de est-ce que je prends un boulot à côté parce que moi j’ai une famille qui a besoin de manger et que j’ai une maison, je peux pas continuer de travailler sans salaire, je vais lever des fonds, si je lève pas de fonds et que j’augmente pas mon CA, bah qu’est-ce qui va se passer ? Et tu vis avec ça quand même en permanence. Quand tu entreprends, tu vis avec cette menace de passer d’un salaire qui était bien, pas incroyable, mais qui était quand même bien à l’époque, à ton pôle emploi qui est quand même divisé par deux, à ensuite zéro.
Et là, je peux te dire que quand ça fait dix ans que tu as un salaire, ça fait bizarre. Et surtout que tu bosses quatre fois plus. Est-ce que la question de la dimension financière et de la rémunération, c’est quelque chose qui t’a freinée et qui aurait pu t’empêcher de te lancer ? En fait, ça ne m’a pas retenu de me le lancer. Ça m’embête à des moments où je me dis que c’est un super mois et puis le mois suivant, c’est bof.
Et tu ne sais pas pourquoi. Parce qu’en fait, le business, des fois, ça ne s’explique pas. Et tu te dis que c’est mince parce que tu t’étais dit que si ce mois-là, il est pareil que le précédent, peut-être que je vais pouvoir enfin me verser un petit salaire, etc. Donc, en fait, c’est pas pour me lancer. C’est plus de garder le cap, de te dire on n’est pas encore à la fameuse date et que j’ai encore un peu de temps devant moi.
Il faut itérer, il faut changer, il faut faire différentes stratégies. En fait, ça t’oblige à une flexibilité permanente. Mais par contre, j’y pense régulièrement. Mais quand tu as deux enfants en bas âge, Je veux dire, tout le monde achète des choses pour manger, pour se vêtir, etc. Ça te rappelle un peu, tu vois, quand même, moi, j’ai plus de salaire.
Et là, quand même, ça te ring a bell, quand même. Mais pas pour me lancer, par contre. Et alors, aujourd’hui, est-ce que tu peux nous dire à quoi elle ressemble, ton entreprise ? C’est quoi Wounded Woman ? L’objectif de base a toujours été le même par contre, mais je ne savais pas encore exactement quelle forme il prendrait et il a évolué au cours du temps.
Mais aujourd’hui, Wounded Woman a trois actions principales pour soutenir les femmes en post-opératoire, post-partum, post-césarienne ou avec des cicatrices liées à l’accouchement, ce qui permet de montrer des corps de femmes avec des cicatrices qui sont beaux et de montrer aux femmes qu’elles ne sont pas seules. Les trois piliers d’action, c’est la lingerie. On a deux modèles qui sont disponibles sur notre site ou sur nos partenaires, tous les points de vente sur le site que vous pouvez retrouver, voir si c’est près de chez vous. qui sont élégantes, qui sont innovantes parce que c’est un tissu qui n’a jamais été utilisé en lingerie, qu’on a fait un an d’R&D sur le design pour que ça aille à toutes les morphologies, on va du 34 au 52. Et on a trois couleurs, voilà, donc on peut avoir une lingerie, si tu veux, qui va te protéger des UV, qui va te protéger des frottements, qui va éviter que ta cicatrice s’abîme, qu’elle devienne hypertrophique, ce qui souvent nécessite d’être reprise parce qu’en fait ça te fait un bourrelet de peau et ça fait vraiment mal quand tu t’habilles.
ça va permettre d’être soulagé parce que ça te maintient le ventre, donc ça, ça fait beaucoup de bien. Il y a une thermorégulation qui te permet de rester au chaud et de surtout, si tu transpires, être toujours au sec, ce qui est hyper important au début pour le cicatrisme et ce qui est important après pour tous les jours, en fait, ta peau reste à une humidité naturelle. Il y a plein d’atouts techniques. Et donc, on a fait des produits qui vont aider les femmes, dans ce cas-là, mais césariennes et toutes autres celluloscopies, stomie, toutes autres chirurgies, mais qui sont belles. C’est-à-dire qu’en fait, il y a tous les effets techniques que j’ai donnés, mais elles sont jolies.
C’est-à-dire que quand on se regarde, on a une jolie silhouette. En plus, elles sont très résistantes et très fines. Donc en fait, quand on s’habille, on ne les sent pas et pour autant, on est protégé. Donc ça, c’était hyper important. Donc ça, le premier pilier, c’est avoir une lingerie spécialisée qui est vraiment un soin de support, mais qui est beau, qui permet aux femmes qu’elles se sentent belles, qu’elles se sentent puissante, qu’elle puisse bouger.
Ça, c’est super important. Le deuxième pilier, c’est Wounded Women Care. Donc, c’est tout ce qui va être prévention, des conférences, les formations qu’on est en train de finir pour les professionnels qui, en fait, les forment sur l’écosystème de soins intégratifs, qui soient vertueux et qui permettent que les femmes ne soient jamais perdues dans leur parcours et surtout ne sortent pas des systèmes de soins. Puisqu’aujourd’hui, il y a 87% des femmes qui font passer leur conjoint, conjointe ou leurs enfants avant leur propre santé. Et quand on a des cicatrices dans le cas de l’accouchement, on a un bébé à s’occuper et donc très souvent on va moins s’occuper de soi.
Et le troisième pilier c’est le podcast, qui au départ était des portraits, et donc c’est le podcast et des événements, c’est permettre aux femmes de se sentir moins seules via le podcast en entendant des parcours de femmes résilientes comme elles, partage d’expériences, partage de tips, c’est-à-dire comment elles ont fait preuve de résilience, qu’est-ce qu’elles ont mis en place, quelles étaient leurs ressources et des événements. Par exemple, en septembre dernier, j’ai regroupé 30 femmes qui avaient des cicatrices physiques ou émotionnelles et qui ont couru la parisienne avec un dossard pour la course, mais avec un t-shirt spécial. C’était un moment vraiment énorme et ça fait partie aussi de ce que fait Wounded Woman, c’est de permettre d’offrir à des femmes des moments d’exception, de résilience et de se retrouver. Voilà un petit peu ce que fait Wounded Woman. Alors, comment on passe de « je vends des systèmes de défense » à « je conçois, je produis et je commercialise un produit de lingerie » ?
Comment tu t’es organisée ? Comment ça s’est passé ? Moi, ce que j’ai fait, c’est que comme je n’avais pas de cofondateur à ce moment-là, je suis allée m’entourer. des écosystèmes qui allaient être soit bénéficiaires, soit prescripteurs ou fabricants. Donc en fait pour le design, bon, je dessine et j’étais concernée par la cicatrice abdominale, donc j’ai fait les dessins des produits, ça c’était assez facile pour moi, qui répondait donc à ce que j’avais eu dans les questionnaires des femmes qui avaient des cicatrices abdominales, de ce qu’elles pouvaient dire des besoins quand elles disaient « Oh j’aurais aimé avoir une culotte ci, culotte ça, tu vois, ben ouais !
» J’ai entendu, je note. Des pros de santé qui faisaient des recommandations. Et ensuite, je suis allée chercher des fabricants, sourcer des matières. Alors, comment on fait ? On fait comme tout le monde.
On utilise Google. Et puis, moi, je suivais beaucoup le travail à l’époque de Guillaume Gibaud, du slip français. qui avait toute une chaîne YouTube sur l’entreprenariat dans le textile, et surtout qui se bat pour réindustrialiser en France la filière textile, et donc qui a créé une association, ça s’appelait Savoir Faire, je ne sais plus comment ça s’appelle maintenant, ça a changé de nom, et qui référençait toutes les entreprises et acteurs du textile en France, aussi parce qu’ils se sont réunis pendant le Covid pour faire des masques et des blouses pour les soignants. Et donc, en fait, j’ai pris le site et j’ai contacté tout le monde. J’ai fait des sites de tous les pros pour aller voir qui ils sont, qu’est-ce qu’ils font.
Ceux qui m’intéressaient, je les ai contactés. Donc, ça prend du temps. J’ai été regarder sur les sites des salons passés, qui étaient intervenus, quelles étaient les boîtes. C’est vraiment un travail de fourmi de recherche. Et une fois que j’ai trouvé l’industrie qui me plaisait, je leur ai demandé un peu comment ils bossaient.
Ils m’ont recommandé des noms de modélistes. J’ai choisi une modéliste, c’est-à-dire qui va industrialiser mes dessins en produits industrialisables, en fait, pour qu’ils puissent être transmise dans une machine qui va couper les matières et ensuite j’ai fait plusieurs salons donc au début enceinte ensuite avec ma fille en portage pour sourcer les matières donc c’est à dire choisir les matières qui répondent au cahier des charges que j’avais. Fallait que ce soit anti-UV, fallait que ce soit seconde peau, fallait que ça sèche très vite, fallait que ce soit hyper quali. Voilà, tout ce que j’ai pu dire avant, la thermorégulation, etc. Fallait que ça ne colle pas quand on a une cicatrice et que ça suante un peu ou quoi, que quand on aille aux toilettes, on ne s’arrache pas toute la cicatrice, ce qui se passe avec le coton.
Après, j’ai bossé avec toutes ces gens-là pour faire des prototypes. Et je voulais absolument que le mois où j’accouchais de ma fille soit mon fameux mois d’or. Et donc que je me repose et que je n’ai qu’à valider des choses. Donc en fait, j’ai sourcé mes matières, j’ai bossé sur les prototypes avant pour que pendant mon premier mois postpartum, je n’ai qu’à valider les protos des équipes. Ce qui a été le cas et j’étais hyper contente parce que je voulais pas devoir charbonner alors que j’étais alitée ou que j’étais en postpartum.
Et j’ai bien fait puisque j’étais alitée un mois et demi. Puis en fait, après un an derrière plusieurs prototypes, Et puis un jour, tu fais le shooting avec neuf femmes que tu n’as jamais vues, qui sont venues juste pour ça et qui te disent que c’est la première fois de leur vie qu’elles voient d’autres femmes avec les mêmes cicatrices qu’elles, que ça fait partie des jours les plus importants de leur vie. Puis voilà. Puis après, tu mets en vente. En tout, ça a pris un an.
C’est court, mais c’est aussi parce que moi, j’ai cravaché à fond. C’est-à-dire que comme je te dis, j’allais accoucher. Donc moi, j’avais un tempo qui était très, très court. Et donc, au moment où j’ai quitté ma boîte, pour les raisons évoquées, j’ai découvert que j’étais enceinte de ma deuxième fille. Et donc là, j’ai eu un tic-tac qui s’est enclenché, c’est-à-dire que là, il fallait très vite tester l’idée.
J’ai candidaté à Ouila, qui est un incubateur qui aide les porteurs de projets féminins à monter leur boîte dans la tech. Moi, c’était la tech textile et du coup, un peu digitale aussi, mais surtout textile. Et donc ça m’a beaucoup aidé parce qu’en fait j’ai pu challenger mon idée, ça m’a aidé à me positionner, ça m’a aidé à poser les bonnes questions. Donc ça je recommande, il faut s’incuber, il faut aller rentrer dans des parcours d’entrepreneur, il ne faut pas entreprendre tout seul. On peut protéger son idée, attention moi je suis contre le fait de parler de son idée à tout le monde quand on est sur des choses très innovantes.
On peut parler du concept un peu vague mais de l’idée pure, moi je ne suis pas pour en parler à tout le monde, il faut en parler à des gens mais pas n’importe qui. Il faut challenger et du coup ne pas être seule. Parce qu’en fait, moi aujourd’hui, c’est un réseau dans lequel je vis toujours et qui m’aide toujours au quotidien parce qu’il y a des bonnes idées, parce qu’il y a des bonnes réflexions. Il ne faut vraiment pas être tout seul. Mais oui, moi j’ai eu un tic-tac en fait quand j’ai découvert que j’étais enceinte après être partie.
Je me suis dit, ok, donc j’ai tant de temps avant d’accoucher et donc il faut que ce soit fait en fait. J’ai cravaché et j’ai écouté surtout. J’ai écouté les recommandations des professionnels que j’ai croisés. Est-ce que tu as envisagé à un moment de ne pas entreprendre seule et de t’associer par exemple ? En fait, ça ne s’est pas présenté.
C’est-à-dire que je dirais que presque mon associé c’est mon mari dans le sens où il a traversé ça avec moi, donc il comprend très bien la problématique. Et que du coup, il m’aide aussi souvent. Mais en fait, ça ne s’est pas présenté que je m’associe. Je ne l’ai pas cherché forcément parce que je n’avais pas le time. Parce qu’en fait, quand tu te mets un tic-tac et qu’en fait, il faut que les produits sortent.
Puis tu sais, j’avais autre chose. C’est que quand moi, j’ai fait mes modèles, que je les ai dessinés, Il n’y avait aucune culotte haute quasiment sur le marché. Il s’est trouvé qu’au moment où ils sont sortis, il y a plein de marques qui venaient de sortir des culottes hautes. C’est juste une histoire de la conjoncture de la mode. Mais ça compte aussi.
Si tu ne veux pas te retrouver has been sur ton produit, tu n’as pas intérêt à trop traîner non plus. Surtout quand tu te rends compte que c’est une thématique qui n’est pas abordée. qui est tabou, pour laquelle il y a des besoins extrêmement vifs des femmes. Tu vois, tu dis je ne veux pas perdre de temps aussi, tu vois, il y a un peu ce truc-là aussi qui te pousse. Mais voilà, l’association ne s’est pas présentée.
Elle peut arriver. Franchement, je ne suis pas du tout contre m’associer. Au départ, c’était un peu compliqué parce que je débroussaillais quand même une thématique, encore une fois, sur laquelle il y a peu de ressources, donc c’était compliqué, donc je n’avais pas trop le temps. Mais tu vois, si demain, quelqu’un vient me voir et demande à s’associer avec grand plaisir. Et moi, je regarde quand même un peu aussi une association.
À un moment donné, je pense que potentiellement, c’est moi qui vais chercher. Mais ça, ce n’était pas une volonté de ma part d’être seule. C’est juste que ça ne s’est pas présenté et que s’associer, c’est un mariage. Ça demande de passer du temps avec la personne. Moi, quand j’ai entrepris, on était en confinement.
On était confinés, puis déconfinés, puis reconfinés, puis couvre-feu, etc. Donc rencontrer les gens, c’était quand même compliqué. Tu t’associes pas par des zooms et des visios. Et c’est un vrai mariage. Moi, aujourd’hui, malheureusement, il y a beaucoup de boîtes qui ferment en ce moment.
La conjoncture est quand même très complexe. Il y a des associations qui se passent très mal. Donc voilà, ça se fait. Il faut bien le faire et il faut prendre le temps de le faire. Donc c’est aussi pour ça que ça n’est pas arrivé.
C’est qu’en plus, quand tu rencontres pas les gens en vrai, c’est compliqué de. T’Associer, en fait, tout simplement. Et est-ce que toi, le lancement de ton entreprise, tu l’as entièrement réalisé sur fond propre ou est-ce que tu as, par exemple, levé des fonds ? Là, je vais lever parce que je veux donner un coup de boost à la boîte et que j’ai des investisseurs intéressés, donc on va y aller. Puis moi, je veux construire une équipe, donc je veux embaucher des gens.
C’est bien de faire des petits contrats de freelance, d’avoir des stagiaires, mais moi, je veux vraiment monter une boîte et pas juste des contrats comme ça, voilà. Donc ça, c’est la première chose. Et non, j’ai tout financé moi-même. Mais oui, j’ai mis moi toutes mes économies et j’ai eu la bourse French Tech pour le nouveau produit innovant qui va sortir là fin novembre. Là, j’ai eu la bourse French Tech, mais la bourse French Tech, tu finances 30 %.
Mais ce n’est pas une bourse 100 %. Ce n’est pas un don. Et sur la partie logistique, stock, gestion des commandes, comment ça se passe aujourd’hui ? Est-ce que c’est toi qui fais tout ? Et bien là, je vais m’entourer parce qu’en fait, ça prend une ampleur maintenant qui fait qu’on fait tout ça.
Tout le monde entreprend avec le stock dans son garage et à faire ses colis. Tout le monde fait ça au départ. C’est normal et c’est bien parce qu’en fait, tu sais tout faire quelque part. Et puis, tu te prends conscience aussi du temps que ça prend, des étapes, etc. Donc, quand après, tu tu le délègue, tu sais exactement quel va être leur job et c’est hyper important.
Ça, je pense dans tout, tu vois, d’avoir notion de ce qu’est la tâche de la personne à qui tu le délègue, pas par contrôle, mais par compréhension. Donc là, je cherche… J’ai plusieurs noms de logisticiens, justement, qui vont prendre en charge… nos produits. Mais à ce jour-là où on enregistre le podcast, c’est encore moi qui fais tout et ça devient plus gérable.
Et c’est tant mieux, parce que ça veut dire que la boîte grandit et fait de plus de chiffres et vend plus, donc c’est très bien. Mais ça devient compliqué. Donc là, ça va être un logisticien qui va prendre ça en charge. Ça veut dire que toutes les commandes des clientes et des boutiques passeront par le logisticien. Voilà.
Et donc, la suite pour ton entreprise et pour toi, tu l’imagines comment ? À la suite, une équipe et agrandir le réseau de revendeurs de ceux qui vendent le matériel médical, de boutiques de bien-être, de pharmacies. Ça, c’est hyper important. Permettre aux femmes de trouver près de chez elles les boutiques qui revenderaient ça. Et puis, bien sûr, après, elles peuvent l’acheter en ligne, mais j’aimerais bien développer ça.
Développer aussi une équipe pour aussi développer toute la partie R&D pour d’autres produits, tout simplement, pour développer plus de produits, répondre à plus de demandes. Et ça, il faut du monde. Donc, embaucher, agrandir la gamme de produits, répondre à plus de besoins encore et devenir vraiment un incontournable de la convalescence. Et de la récupération. Tu nous as dit en début d’épisode que ce qui t’avait motivé dans ta carrière au départ, c’était la dimension internationale.
Alors, est-ce que c’est une ambition que tu as, par exemple, pour ton entreprise ? Bien sûr. Surtout qu’il y a des pays où les taux sont bien plus élevés. Si tu prends les césariennes en France, c’est 20-21%. Et tu as des pays où c’est 50-60%.
Je prends juste cet exemple, mais il y a d’autres raisons d’ouvrir le vote des femmes, même rien que pour des problèmes gynécologiques. Donc en fait, je dirais même qu’il y a un marché encore plus important qu’en France à l’international. Donc c’est évidemment une ambition de pouvoir s’ouvrir à l’international. Et j’ai déjà des demandes. On est en Suisse, j’ai des demandes pour le Canada.
J’ai des demandes pour des pays de l’Union européenne. Donc en fait, voilà, il y a clairement le marché international. Je te remercie de poser la question. Est-ce que tu t’es sentie soutenue dans ton projet et dans ta démarche, ta volonté d’entreprendre ? Alors, je suis soutenue dans le sens où personne ne m’a dit « Ah bon, t’es sûre ?
» Pas du tout. Au contraire, en plus, mes proches savaient qu’au niveau pro, ce n’était pas une ambiance qui était très saine. J’ai été plutôt encouragée, clairement. Après, tu sais, on est dans une période un peu particulière, c’est-à-dire que tout le monde n’est pas sur ses réseaux sociaux à regarder « Quelle est la nouveauté d’Audrey sur WDW ? », tu vois, à aller me faire du cheerleader en permanence.
Parce que c’est quand même… On est sorti du Covid, l’Europe est entrée en guerre. Je veux dire, tu vois, c’est quand même une période un peu spéciale. Donc, en fait, je suis très soutenue si je vais communiquer par rapport à mes proches. Mais je n’ai pas une équipe de cheerleaders à mes côtés tous les jours, tu vois.
Mais je ne leur en veux pas du tout parce qu’on est dans une conjoncture assez unique, je pense, en ce moment. Malheureusement. Mais c’est vrai que je dirais que le soutien proactif qui me touche particulièrement, c’est celui de mes partenaires et de mes fellows entrepreneurs dans la santé de la femme, qui ont aussi créé des boîtes pour répondre à des problématiques qu’elles avaient vécues elles et pour lesquelles il n’y avait pas de solution, et qui ont créé des boîtes. parce qu’on soutient énormément et ça me touche beaucoup parce que c’est des femmes avec qui je n’ai pas forcément de relations personnelles. Donc c’est vraiment, tu vois, une sororité pure et authentique.
Et mes clientes, parce que j’ai des clientes qui parlent de moi des pros, qui reviennent d’hôpitaux, je ne sais pas où, qui m’envoient des contacts. Ça, c’est assez incroyable, vraiment. Je te propose de passer à la dernière question traditionnelle dans ce podcast. Quel est le conseil ou les mots que tu aurais aimé entendre au début. De ta carrière ?
Tout simplement que contrairement à ce qu’on dit, on peut tout avoir. mais que c’est pas facile. C’est-à-dire qu’on peut entreprendre, on peut avoir une carrière et être mère. Oui, on peut être maman boss, très. Clairement, mais que c’est difficile et que.
Ça demande de faire des choix. Et ça, j’aurais aimé qu’on me le dise parce que, pour le coup, moi. Je fais vraiment partie d’une génération où. Être enceinte, c’est prendre du poids, être enceinte, c’est être fréne dans sa carrière. Surtout que tu vois, j’étais quand même dans un domaine assez spécifique, assez masculin, assez traditionnel.
Et j’aurais aimé avoir cette vision que, ouais, tu peux tout faire, Tu peux avoir des rôles modèles aujourd’hui avec les réseaux sociaux. C’est possible d’être maman boss, c’est possible de tout avoir, mais c’est difficile. C’est même parfois très difficile, mais tu peux tout avoir.
Merci à Audrey pour le récit de son parcours. Avec Maman Boss, je montre épisode après épisode que nos maternités impactent nos vies professionnelles. Dans le cas d’Audrey, on peut dire que l’impact a été important et assez immédiat. Et l’ambition qu’elle porte aujourd’hui avec Wounded Woman est proportionnelle aux difficultés qu’elle a connues avec son congé maternité et son premier accouchement. Si vous êtes concerné par le sujet de la césarienne, des cicatrices ou que vous connaissez une femme concernée, n’hésitez pas à lui parler de Wounded Woman.
Et si vous avez simplement envie de soutenir le projet, sachez qu’en ce moment, Audrey organise une campagne ulule pour créer une culotte et un maillot de bain menstruel spécialement conçu pour soulager les cicatrices. Je vous mets toutes les infos dans les notes de l’épisode et sur le site mamanboss.fr. Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année, je vous retrouve en 2024 pour de nouveaux épisodes inédits et d’ici là, Mamanboss !