A l’occasion de la chronique de Gaëlle, j’ai eu envie de partager avec vous mon expérience du bilan de compétences que j’ai réalisé il y a quelques années maintenant, et notamment les 4 erreurs que j’ai commises :
- J’ai mal choisi mon organisme
- J’attendais une solution clé en main
J’ai sous-estimé le travail et l’engagement personnel à fournir
J’ai fait passer les besoins des autres avant les miens
Pourquoi j’ai eu besoin de faire un bilan de compétences ?
Pour planter un peu le décor, sachez que j’ai réalisé ce bilan de compétences (roulement de tambour…) pendant mon deuxième congé maternité ! Je vous parle donc d’une pure expérience de Maman Bosse ! Je suis partie en congé maternité sur les rotules, après des mois / des années de travail assez intenses sur un projet important, avec un sentiment de reconnaissance assez limité, le tout dans une organisation parfois mouvante… Vous ajoutez là-dessus l’arrivée d’un enfant : le cocktail parfait pour que je me sente paumée dans ma trajectoire professionnelle !
Très vite pendant mon congé maternité (et a fortiori après l’accouchement), j’ai commencé à penser que je n’aurais jamais l’énergie suffisante pour revenir à ce poste. J’adorais mon job, le projet et mon équipe, mais pour la première fois de ma vie j’avais le sentiment de ne pas (plus ?) avoir la force nécessaire (avec du recul je sais que les nuits blanches, le syndrome de l’imposteur et la sacro-sainte culpabilité maternelle y sont pour beaucoup dans ce sentiment).
Et puis il y avait la dimension financière qui trottait aussi dans un coin de ma tête : le coût des frais de garde, la question du logement en région parisienne… Des questions qui ne me tranquillisaient pas vraiment et dont je m’inquiétais à moyen terme.
Enfin, pendant mon congé mat’, je suis restée en contact avec quelques collègues assez proches, on se donnait des nouvelles de temps en temps, de façon informelle, et je savais que l’organisation et l’organigramme étaient en cours de changement.
Alors je me suis dit : quitte à retourner bosser, pourquoi ne pas faire autre chose ? Recommencer ailleurs ? Prendre un nouveau départ ?
Et voilà comment j’en suis arrivée à faire un bilan de compétences. Et pputôt que de vous faire un récit linéaire du déroulé de ce bilan j’ai eu envie de partager avec vous les erreurs que j’ai commises et les enseignements que j’ai en tirés.
C’est parti !
Erreur n°1 : j’ai mal choisi mon organisme
Vous l’avez compris j’étais en congé maternité pendant mon bilan, avec donc un tout petit bébé à mes côtés. Autant vous dire que je n’ai pas passé des heures à benchmarker les organismes, de toute façon du temps libre j’en avais pas ou peu…
Alors j’ai basé ma sélection sur un seul critère : la géographie et les horaires ! Résultat des courses j’ai réalisé mon bilan avec l’organisme du coin de ma rue (littéralement). En soi je ne peux pas dire que j’ai été déçue – la personne qui m’a accompagnée était sympa, très ouverte et bienveillante – j’ai fait un certain nombre d’entretiens en allaitant mon enfant sans que ça ne pose jamais souci. Par contre, clairement, j’aurais dû prendre plus de temps pour me questionner sur mes besoins, mes envies et peut-être choisir un accompagnement plus adapté à ma situation et mes attentes. Ou simplement prendre le temps de consulter 2 ou 3 organismes pour faire un choix plus éclairé.
Erreur n° 2 : j’attendais une solution clé en main
Je pense avoir choisi de faire ce bilan de compétences pour une mauvaise raison : la difficulté à retourner à mon ancien job. J’attendais de ce bilan que l’on me dise :”Madame vous êtes faite pour ça, faites ci, faites ça, ça va aller”. En gros, qu’on pense à ma place et qu’on me livre une solution toute faite. Spoiler alert : ça ne marche pas comme ça !
Erreur n° 3 : j’ai sous-estimé le travail et l’engagement personnel à fournir
Comme il n’y a pas de solution miracle, il y a une seule recette : la vôtre. Et trouver votre propre recette, ça prend du temps ! Faire des recherches, se questionner, rencontrer des professionnels… franchement je ne pensais pas qu’il y aurait autant de choses à faire et à produire entre deux entretiens et clairement, avec un bébé sur les bras, je n’avais pas la disponibilité ni physique ni mentale ni temporelle pour tirer le meilleur parti de ce bilan. J’ai donc fait ce que j’ai pu dans le temps imparti – mais sans doute beaucoup moins que ne l’exige un bilan de compétences efficace.
Erreur n° 4 : j’ai fait passer les besoins des autres avant les miens
J’ai démarré ce bilan en posant tout un tas de contraintes sur la table : les enfants en bas âge et la disponibilité horaire que je souhaitais avoir, la possibilité de trouver à moyen terme un emploi loin de Paris, le besoin d’augmenter ma rémunération…
En gros, j’ai parlé de tout… sauf de moi ! Mes envies, mes attentes, mes aspirations à MOI, je les avais complètement enfouies sous un tas de contraintes matérielles (ou d’injonctions va savoir ?). Or c’était MA carrière, pas celle de ma famille, dont il était question.
Et si c’était à refaire ?
A ce stade de votre lecture (déjà : merci de m’avoir lue jusqu’au bout…), vous vous dites sans doute que ce bilan a été un fiasco total ! Et bien PAS DU TOUT !
J’ai mesuré quelques mois – et même des années – après, tout ce que ce bilan m’a apporté :
- de la confiance : clairement, en congé maternité j’étais perdue, j’avais l’impression d’avoir laissé mon cerveau dans les étriers au bloc, je me sentais incapable de quoi que ce soit… Avec ce bilan de compétences j’ai écrit noir sur blanc, au fil des exercices, ce dont j’étais capable professionnellement. Et ça m’a fait beaucoup de bien !
- un nouveau job : après ce bilan je suis retournée à mon ancien poste (il faut bien gagner sa vie… ) mais assez rapidement j’ai eu une nouvelle opportunité professionnelle. Je suis convaincue que sans ce bilan je n’y aurais jamais prêté attention, mais comme pendant celui-ci j’avais remis à jour mon CV, que j’avais retrouvé un peu de confiance… je me suis dit : “envoie un mail, on ne sait jamais !” Résultat des courses : quelques mois plus tard je démarrais une nouvelle mission. Le même job, mais dans un contexte différent.
Je sais maintenant que ce bilan était une étape indispensable pour avancer dans ma carrière à un moment où j’avais le sentiment d’être dans une impasse. La reprise après un congé maternité est un moment complexe durant lequel les femmes sont seules, et moi ce bilan de compétences m’a aidée à sortir un peu la tête de l’eau. Ce n’était pas l’accompagnement idéal parce que la maternité n’avait pas de place dans ce bilan , peut-être que des consultations avec un professionnel de santé, un psychologue ou un coach auraient été plus adaptées. Je ne le saurai jamais. J’ai fait avec l’outil dont je disposais, j’ai fait du mieux que je pouvais, j’ai avancé et c’est – j’en suis sûre – le plus important.
Mal choisir son organisme, attendre une solution clé en main, s’impliquer et consacrer du temps à son bilan, écouter ses besoins… des erreurs que je n’aurai sans doute pas commises si j’avais pu bénéficier des conseils prodigués par Gaëlle dans sa chronique.
En tout cas, je me rends compte, quelques années après, que ça m’a permis de progresser dans ma carrière en me connaissant mieux, de faire des choix plus éclairés ; j’ai finalement repensé aussi le sujet de la vie en région parisienne… que j’ai finalement quittée deux ans plus tard 😉.
Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter !